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Sommaire:
- Observer le lever du soleil au sommet du Pic
- Le lever de soleil au Pic, dans la littérature
- Autres images du lever de soleil (archives)

 


 

Une expérience "initiatique" inoubliable: le lever du Soleil sur la Mer Méditerranée vu du sommet du Pic. Ce phénomène est dû à la très grande élévation de notre Pic et à l'alignement heureux des vallées dans l'axe de la Mer, en direction de l'Est et un peu au Nord. Mais voir ce spectacle grandiose se mérite.

Observer le lever de Soleil au sommet du Pic

 

Le lever du soleil vu du Pic de Saint-Barthélemy
Le lever du soleil vu du Pic. A gauche du soleil le Pech de Bugarach (Aude)
A droite du soleil la crête de la Quille (Aude)
(photo prise le 18 septembre 2004)

Configuration du panorama vers l'Est:

De manière théorique, et sans tenir compte de la réfraction atmosphérique, l'horizon marin est visible sur une dizaine de degrés environ de part et d'autre de la direction de l'Est.

A environ 6 degrés à gauche de l'Est, c'est la Montagne de Tauch qui barre l'horizon marin à 73 km, tandis qu'à environ 4 degrés à droite de l'Est, c'est la proche muraille du Pic d'Estable (41 km) qui limite la scène.

Entre ces deux limites, il y a un secteur compris entre environ 1 et 3.5 degrés à droite de l'Est, où les reliefs s'abaissent tellement que l'on voit directement la ligne de la côte, aux environs de Rivesaltes (St Laurent de la Salanque), distante de 103 km.

 

La côte méditerranéenne vue du Pic de Saint-Barthélemy
(cliquer sur l'image pour agrandir)
Panorama du sommet du Pic, entre 1 degré à gauche et 5 degrés à droite de l'Est, dans la zone où l'on voit la côte Méditerranéenne.
La ligne de l'horizon marin passe à peu près à la hauteur de la petite falaise qui termine le sommet du Pic d'Estable sur sa gauche
(photo prise le 18 septembre 2004)

 

Plus au nord de la Montagne de Tauch (à plus de 8 degrés à gauche de l'Est), il est possible que les reliefs s'abaissent suffisamment pour voir la mer (vers Narbonne donc), mais cela reste à confirmer.

 

 

Dates:

Etant donné la configuration du panorama, le lever du Soleil sur la mer est visible du 14 Septembre au 2 Octobre, avec une période optimale entre le 26 Septembre et le 1er Octobre.

Les dates correspondantes pour les environs de l'équinoxe de Printemps sont du 12 Mars au 30 Mars. Toutefois, le Pic est encore enneigé à cette période et les nuits doivent y être très froides. Le promeneur audacieux est prévenu, et y passera la nuit à ses risques et périls.

 

Par ailleurs, on peut voir le lien suivant pour savoir comment déterminer mathématiquement la date où le soleil se lève sur un point précis de l'horizon:

Calcul de l'azimut du soleil à son lever ]

Ceci peut être bien utile pour éviter de monter tout en haut d'une montagne pour voir le soleil se lever en un point précis, et de se rendre compte que l'on s'est trompé de jour.

 

 

Réfraction atmosphérique

Il faut aborder ce sujet délicat pour expliquer que l'on peut voir la mer au dessus du Pech de Bugarach et de La Quille, alors que normalement, si l'on s'en tient à la seule géométrie, ces sommets devraient la cacher entièrement.

La réfraction atmosphérique a pour effet d'élever la position apparente de tous les objets dans l'atmosphère. Cet effet est dû au fait que les rayons lumineux dans l'air sont courbés, à cause des variations spatiales de l'indice de réfraction, elles mêmes liées aux variations de densité de l'air. Pour l'effet qui nous occupe ici, c'est la variation de l'indice de réfraction le long de la verticale (à cause de la raréfaction de l'air avec l'altitude) qui doit être considérée. La conséquence est que la position apparente de tous les objets est rehaussée par rapport à leur position réelle.

 

rayon réel et rayon apparent au lever du soleil
(cliquer pour agrandir)
Rayon réel et rayon apparent issus du soleil au moment de son lever.
Les proportions ne sont pas respectées.
Noter que l'horizon terrestre est lui aussi rehaussé, donc le soleil se lève bien sur l'horizon!

Néanmoins cet effet n'est pas uniforme, et dépend de l'altitude du point d'observation et du point observé, mais aussi de la distance entre ces deux points. Les objets qui sont le plus haussés sont ceux qui se trouvent les plus près du plan horizontal et les plus éloignés en distance.

En toute première approximation, on peut considérer qu'à cause de la réfraction, les rayons, au lieu de se propager en ligne droite, se propagent selon un cercle de rayon égal à six fois le rayon terrestre. Cette approximation est appelée "formule des gardiens de phare", mais elle n'est valable qu'au niveau de la mer pour de courtes distances, et ne permet donc pas de faire des calculs pour les panoramas de montagne.

A titre d'exemple des effets de la réfraction atmosphérique, on cite souvent le cas du soleil levant en plaine: lorsqu'on observe son disque venant d'émerger totalement sur l'horizon en plaine, il est en fait exactement sous l'horizon, géométriquement parlant.

Les calculs mathématiques permettant de déterminer les effets de la réfraction en montagne sont assez compliqués. Ceci est dû aux grandes distances considérées et à la complexité des variations de l'indice de réfraction dans l'espace. Néanmoins, le principe de ces calculs mathématiques est décrit sur le lien ci-dessous:

[ Calculs mathématiques des effets de la réfraction en montagne ]

 

En toute rigueur pour pouvoir faire un calcul très précis de la réfraction, il faudrait connaître la pression et la température sur tout le trajet des rayons lumineux. Néanmoins, la dépendance à ces deux paramètres est assez faible et ce qui nous intéresse, c'est l'effet moyen de la réfraction. On considère donc une pression normale (1013.25 hPa) et une température de l'air au niveau de la mer égale à 10 degrés Celsius pour effectuer nos calculs.

Pour ce qui concerne notre Pic en regardant vers l'Est, sachons que géométriquement (sans tenir compte de la réfraction), l'horizon marin devrait être à 173 km et à 1.552° sous l'horizontale (du fait de notre altitude). Maintenant, si nous tenons compte de la réfraction atmosphérique, l'horizon est à 185.7 km et à 1.423° sous l'horizontale. Le haussement apparent est donc d'environ 0.13°, ce qui représente environ un quart du diamètre apparent du soleil. Nous appelons l'angle que fait une direction de visée donnée avec l'horizontale le "site" de cette direction (c'est un terme d'artillerie).

Comme expliqué précédemment, la température de l'air joue un rôle assez peu significatif dans la réfraction atmosphérique. Vu de notre Pic, et pour une pression normale, la distance de l'horizon varie ainsi en fonction de la température au niveau de la mer:

T=0 °C   : Distance=191.2 km , site = -1.418°
T=10 °C : Distance=190.5 km , site = -1.422°
T=20 °C : Distance=189.8 km , site = -1.427 °

Pour le Pech de Bugarach (1230 m   ,  49 km), la géométrie donnerait une position à 1.526° sous l'horizontale (donc plus haut que l'horizon marin géométrique, qui est à 1.552° sous l'horizontale), alors qu'avec la réfraction, la position est de 1.494 ° sous l'horizontale, donc moins haut que l'horizon marin optique que se retrouve alors à 1.422° sous l'horizontale. Pour le Pech de Bugarach, le haussement dû à la réfraction n'est que de 0.032° environ, soit 4 fois moins que pour l'horizon marin. De ce fait, l'horizon marin, plus haussé, devient visible derrière le Pech de Bugarach.

On a le même phénomène avec le sommet de La Quille (964 m  , 64 km), qui est à 1.525° sous l'horizontale sans compter la réfraction, et à 1.482° sous l'horizontale en tenant compte de la réfraction, et donc se retrouve au dessous de l'horizon marin apparent.

En revanche, un peu plus au nord, la Montagne de Tauch (917 m  , 73 km) avec un angle de site de 1.400° sous l'horizontale, masque l'horizon marin, même en tenant compte de la réfraction.

En résumé, vu du Pic de Saint-Barthélemy, c'est donc le soleil qui est le plus haussé par la réfraction, puis c'est l'horizon marin, puis les montagnes les plus éloignées, et enfin, les montagnes proches, qui elles, sont à peines haussées. On est obligé de tenir compte de cet effet pour comprendre pourquoi le Pech de Bugarach ou la crête de la Quille ne masquent pas l'horizon marin, vus du sommet du Pic de Saint-Barthélemy.

Noter que c'est aussi la réfraction atmosphérique qui fait que le Pic de Canigou (2784 m) est visible depuis les hauteurs de Marseille (à environ 263   km) par très beau temps. Si il n'y avait pas la réfraction, le pic de Canigou apparaîtrait au dessous de l'horizon. (voir une magnifique photo du phénomène sur un site marseillais).

 


Le lever de soleil au Pic, dans la littérature

 

Pierre Olhagaray, 1609, Histoire de Foix, Béarn,...

(p. 704)

<< Il est nécessaire de sçavoir que Tabe, ou Tabor est la plus haute montagne és monts Pyrenées, d'où l'on voit beaucoup de notables secrets de nature, la levée du soleil avec une grandeur & Majesté incompréhensible. >>

 

Hippolyte Marcailhou d'Aymeric, 1898, Le Massif de Tabe,

(pp. 9-10)

<< Rien de merveilleux, rien de splendide comme le panorama qui se déroule du haut du pic de St-Barthélemy, lorsque le soleil l'éclaire à son lever; nous avons eu souvent cette heureuse chance et voici le spectacle qui s'est offert à notre admiration.
Les étoiles avaient pâli, s'éteignaient; la lune venait de se cacher derrière le Montcalm. Une bande d'or et de pourpre s'étendit à l'horizon du côté de l'Orient: ce n'était encore que l'aube.
Bientôt la fantastique image d'une enveloppe nuageuse, affectant la forme d'un calice, s'élève des flots de la Méditerranée. De cette coupe émerge lentement l'astre du jour. Avec la majesté d'un roi, il jette ses gerbes dorées autour de lui; la nébulosité de l'air qui donne à son disque la teinte rouge écarlate nous permet encore de le fixer, mais il ne tarde pas à dissiper cette gaze humide à la chaleur de son feu et voilà que tout à coup éclate le phénomène d'un double soleil. L'onde miroitante de la mer, oppose au disque solaire, une image parfaite de son globe enflammé et rayonnant.
Déjà l'astre resplendissant illumine les hauteurs qui semblent surgir d'un Océan de ténèbres; puis, les collines, les forêts, les villes et les villages endormis dans la brume, apparaissent nettement. Le paysage resplendit et s'anime. C'est extravagant de beauté, c'est sublime.
Aucun spectacle dans les plaines ne peut donner un idée des splendeurs de l'aurore, lorsque les sommets commencent à se colorer en rose tendre, tandis que le fond des vallées est plongé dans un bleu intense. La mer elle-même n'offre pas de teintes plus pures et de contrastes aussi saisissants. >>

 

Aimé Sarda, 1994, Le Tabor Pyrénéen,

(pp. 25-26)

<< Quel indicible et inoubliable plaisir rétinien en effet que d'être le témoin d'un lever de soleil depuis l'un de ces sommets, après une nuit de printemps ou d'été vécue là-haut, loin du tumulte des foules, dans le silence des étoiles. Tandis, que dans un firmament uniformément gris-bleuté, commence à s'atténuer l'éclat des étoiles, qu'une imperceptible vague de fraîcheur monte des lacs environnants autour desquels croulent les derniers névés, on croit deviner là-bas, au-delà du Bugarach, ce rocher culminant des Corbières, comme une braise rougeoyante irradiant un mince liseré de couleur rosée. Insensiblement, celui-ci s'affirme, se développe vers le Septentrion et vers le Midi, tandis que les étoiles se fondent dans un bleu de plus en plus précis qui se substitue au gris incertain de la nuit.
Et puis, soudain, une ébauche d'arc, couleur de cuivre rouge, apparaît sur le Bugarach "comme un point sur un i". Dès lors tout se précipite. Le disque de feu émerge de l'orient et répand sa lumière sur un monde de splendeur minérale avec "une grandeur et majesté incompréhensible". Ses rayons obliques épongent en quelques minutes, les étoupes ténues ourlant les plaines lauragaises, tandis qu'à l'opposé, la frange neigeuse de la sierra pyrénéenne accentue d'un éblouissant filet d'argent le repoussé mordoré de la montagne ariégeoise.
Le touriste de notre époque, fier de son esprit cartésien et conditionné par un matérialisme envahissant, ne saurait avoir devant un tel spectacle, l'attitude de l'homme primitif, voire de celui du moyen-âge et même du 17ème siècle. Pour eux, tant de beauté naturelle et grandiose, ne pouvait avoir qu'une signification mystique et mystérieuse, leur inspirant un sentiment personnel de petitesse, de fragilité, d'écrasement, d'angoisse par rapport à cette puissance supra naturelle qui avait le pouvoir de créer de telles choses relevant de "notables secrèts de nature". >>

 


Autres images du lever de soleil (archives)

Edition 2010

 

Le lever du soleil vu du Pic de Saint-Barthélemy
Le lever du soleil sur la mer Méditerranée, vu du Pic.
Exactement sous le soleil, le Bac de Aveze.
Légèrement à droite et un peu plus proche, la Serre d'Arquières.
A l'extrême droite de l'image, à la même distance, le flanc nord du Pic d'Estable
Au centre vers le dernier plan, la ligne horizontale de la côte méditerranéenne
(photo prise le 30 septembre 2010)

 

Le lever du soleil vu du Pic de Saint-Barthélemy
Quelques instants plus tard.
(photo prise le 30 septembre 2010)

Edition 2006

 

Le lever du soleil vu du Pic de Saint-Barthélemy
Le lever du soleil sur la mer Méditerranée, vu du Pic.
Sous le soleil, la tour de Tautavel
Au centre à droite, la côte méditerranéenne
(photo prise le 28 septembre 2006)

Edition 2005

Niente! Eh oui...

 

Page mise à jour le 15/11/2010.