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Le double cromlech du Soularac ou du Col de la Peyre

Ce double cromlech est mentionné dans un certain nombre d'écrits. Il est situé au voisinage du col de la Peyre (dit aussi col des Termes). En revanche, il semble que ce ne soit pas le cromlech lui-même qui ait donné son nom au col (le toponyme "la Peyre" désignant généralement un monument mégalithique), mais un monolithe (menhir) qui était érigé à date ancienne à l'endroit même du col. Ce monolithe dressé, d'abord brisé par la foudre et le gel, a de nos jours disparu. Le double cromlech lui-même, situé un peu plus à l'écart du col, et assez difficilement visible aux yeux des profanes, n'a été découvert que vers la fin du XIXème siècle, à l'époque où les historiens se penchent sur les témoignages laissés par les hommes d'avant l'histoire, et où les recherches dans ce domaine se font plus actives.

Voici ce qu'indique F. Niel (1973) dans son ouvrage, "Les cathares de Montségur", au sujet de ces monuments mégalithiques du col de la Peyre:
"Sur les pentes orientales du Soularac, au dessus du col de la Peyre,
existe un étrange monument: deux cercles tangents de pierres dressées.
Il s'agit d'un type de monument fort rare puisque, à notre connaissance,
il n'en existe qu'un autre, celui de Er-Lanic, sur un îlot du golfe du Mor-
bihan. Le cromlech du Soularac est formé de pierres qui dessinent deux
cercles de seize mètres environ de diamètre. Actuellement, elles émer-
gent à peine du sol, ce qui rend leur identification difficile, et l'on ne
peut reconnaître la figure si l'on occupe une position dominante. Il
est possible de le faire étant donné la nature du terrain environnant
Ce monument remarquable montre que la montagne de Tabe dut être
l'objet d'une sorte de culte, dès les époques néolithiques ou chalcolithi-
ques. D'ailleurs, il existe là-haut d'autres alignements dont l'étude reste
à faire [Note de F. Niel: Dans un article publié dans La Dépêche de Toulouse, du 16 novembre 1938,
le pèlerinage imprévu, M. Mandement décrit les alignements du Soularac,
mais ses dessins ne correspondent pas à ce que nous avons pu observer sur les
lieux. Les deux cromlech tangents ont été découverts par M. Fernand Costes,
hôtelier à Montségur]. Dans les mêmes parages nous avons reconnu une "pierre
branlante" qui ne nous a pas paru être tout à fait un jeu de la nature
et, tout prêt, un bloc comparable à une table de dolmen. Signalons aussi
qu'une pierre aurait été dressée au col du Trou de l'Ours, entre les deux
pics. La foudre aurait détruit ce menhir. Enfin le nom du col de la Peyre
montre qu'un monolithe marquait autre fois ce passage. Peut-être était-ce
la borne qui existait encore à la fin du XIIIe siècle et mentionné dans
un acte donné par Dom Vaissete.
Actuellement, sur ce passage seule une pierre noire aux reflets métal-
liques est couchée en bordure du chemin. Elle mesure 1,10m de hau-
teur, 80 cm de hauteur et 40 d'épaisseur. Par sa teinte et sa
nature elle contraste fortement avec le granit grisâtre des environs.
Cette pierre a pu être dressée autrefois, puis, elle aussi, brisée par la fou-
dre car, tout près on voit un affleurement de roche de même nature.
Il serait intéressant de creuser autour de ce dernier vestige et de procéder
à une étude géologique du bloc".

Précisons à présent qu'il est inutile de chercher à visiter ce double cromlech de nos jours puisqu'il a tout simplement disparu vers la fin du XXème siècle!

Non, ce n'est pas un phénomène "paranormal", c'est juste la conséquence du fait que le monument était situé sur le territoire de la commune de Caussou, et que la Société Anonyme des Talcs de Luzenac, détentrice de la concession de ces terrains, l'a recouvert avec des remblais de la carrière! Ainsi en témoignent deux sources indépendantes: D'abord le récit de M. Calmein dans sa monographie "Caussou, Bestiac, et le massif du Saint-Barthélemy", 2006:
"J'ai moi-même longtemps cherché dans le
massif Saint-Barthélemy "le cromlech celte
très rare formé de deux cercles de pierres
dressées
" auquel faisait allusion Michel
Bertrand dans son livre "Le soleil des
Cathares
" en précisant que ce monument
fut l'objet d'un culte dès l'époque néolithique
et qu'il n'a cessé d'être fréquenté par la suite
..."puisque les catholiques y édifièrent plus
tard une chapelle dédiée à Saint-Barthélemy
".
[...]
Grâce aux précision qu'avait bien voulu me
fournir Adelin moulis, j'ai fini par découvrir à
mon tour, en 1988, ces fameux cromlechs, tout
près du col de la Peyre. Hélas, ces grands
cercles de pierres, tout comme le dolmen situé
à quelques dizaines de mètres, ont, depuis, été
détruits par l'extension de la carrière de talc. Il
nous en reste heureusement une photographie.

Ensuite, il y a un article (non signé) paru dans le "Journal de l'Ariège", No 46, daté du 6 août 1993, qui indique :
"[...] Deux de ces vestiges sont dans notre pays d'Ax. L'un est invisible aujourd'hui, car recouvert par les remblais de la carrière de talc de Trimouns. C'était le cromlech de Douele. Il se trouve au col de Fontalbe, dans le massif du Saint-barthélemy, face au château de Monteségur".
N.B.: La localisation mentionnée ici au col de Fontalbe semble résulter d'une confusion. M. Calmein, qui est un témoin oculaire direct du cromlech, certifie formellement que le monument se trouve à proximité immédiate du col de la Peyre, à environ une centaine de mètres du col en montant dans la direction de l'étang Tort, vers l'est donc. Le col de Fontalbe existe bien, mais il est situé environ un kilomètre et demi plus au sud. La confusion entre les deux noms "Peyre" et "Fontalbe" dans cet article provient probablement du fait que c'est le col de la Peyre qui ferme le vallon de Fontalbe. En effet, le col de la Peyre domine directement l'étang de Fontalbe et le ruisseau de Fontalbe. Le col de Fontalbe, lui, domine la jasse de Fontalbe et le bois de Fontalbe, deux sites situés légèrement plus au sud que le vallon de Fontalbe lui-même, dans un autre vallon secondaire qui ne porte pas de nom (voir la carte IGN au 1:25000e).

Voir une reproduction de l'article (format PDF), sur le site de la commune de Tignac. Le document est également consultable sous la côte "ZF 315" des archives départementales de l'Ariège.

Voici une des rares vues existantes du double cromlech, aujourd'hui disparu, du col de la Peyre. La photographie est due à M. Calmein et provient de son ouvrage déja cité. Seul l'un des deux cercles figure sur l'image, le second se trouverait dans le prolongement du coin inférieur gauche. Les personnages donnent l'échelle et témoignent de l'importance du monument. On remarque également que l'intersection des deux cercles est marquée par une pierre plus imposante, de forme prismatique.

Le cromlech du Soularac (photo extraite de M. Calmein, 2006, "Caussou, Bestiac, et le massif du Saint-Barthélemy", et reproduite avec son aimable autorisation).
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

 

Les renseignements ci-dessus permettent de dater l'ensevelissement du cromlech entre 1988 et 1993. D'après M. Calmein, cet ensevelissement est survenu plutôt vers 1989 ou 1990, car en 1988, le front des remblais était déjà tout près du cromlech.

Mentionnons que certains auteurs du XIXe siècle (N. Peyrat, et à sa suite quelques continuateurs) présentent les mégalithes situés à proximité du col de la Peyre comme des "monuments druidiques", ce qui bien entendu est totalement erroné, puisque tous les monuments mégalithiques sont d'une époque préhistorique bien plus ancienne que les celtes et leurs druides, comme on le sait maintenant.


Page mise à jour le 15/03/2007.